samedi 3 mai 2008

JOUR 4

Comme j'ai sauté une classe et qu'il n'est pas nécessaire de retourner voler, je profite de ce temps libre pour préparer et organiser le vrai départ qui aura lieu demain matin. Pendant qu'Arine emmène Nath et les enfants visiter la ferme à crocodile d'un ami, me voilà avec mes cartes aéronautiques et mon annuaire des aéroports et terrains d'Afrique. Je n'ai plus planifié et volé à vue depuis 1990 et jamais sur ce continent. Autant dire que tout est nouveau pour moi. Et si je suis capable de voler l'avion, c'est à peu près tout. Je ne sais même pas utiliser le GPS de bord qui sera pourtant mon seul moyen de navigation. Je n'ai aucune idée des procédures radio en vigueur et j'ai entendu qu'il n'est pas toujours facile de les comprendre à cause de l'accent des contrôleurs. Il n'y a aucune couverture radar et je n'ai pas de carte des éventuels points d'entrée ou procédures particulières à chaque aéroport. De plus je vais survoler un pays inconnu grand comme la France, couvert de brousse, de désert et de marais, et peuplé de plus d'animaux sauvages que d'habitants. En d'autres circonstances très excitant, seulement là j'emmène ma famille.

J'avais déjà eu quelques bourdonnements dans la tête et les tripes mais j'étais occupé ailleurs. Maintenant que c'est le moment, c'est une énorme claque que je me prends dans la figure. Je stresse comme jamais. Ce n'est même plus du stress, mais de l'angoisse. Une crise d'angoisse comme je ne crois pas avoir connu. Je pense à tout ce qui peut arriver, de grave ou d'insignifiant. tout dépend de moi et je n'ai aucune redondance. Un seul moteur, un GPS, un pilote. Qu'un seul de ces éléments flanche et tout peut devenir dramatique. Suis-je inconscient? J'assume complétement mon coté un peu téméraire et des fois risque-tout, mais je ne supporte pas l'idée de l'imposer à mes proches. Et si j'ai un malaise? Et si nous devons nous poser d'urgence dans la brousse au milieu des bêtes sauvages... Voilà les pensées qui m'assaillent sans relâche et qui ne me quitteront progressivement que vers la fin de ce voyage. J'ai envie de tout annuler et quand Nathalie me demandera plus tard si tout va bien, je m'entends répondre par l'affirmative avec la tête de celui que rien n'émeut.

Finalement tout c'est bien passé et beaucoup plus facilement que prévu. Encore maintenant, je suis incapable de savoir si j'ai eu tort ou raison de m'inquiéter à ce point. Et le plus curieux c'est que je le referais. Affaire à suivre.

Une fois en vol, je ne quitterais pas des yeux mes jauges et rares cadrans, ainsi que mon GPS, recalculant encore et encore mon cap et mon estimée (heure prévue d'arrivée). En attendant, tout ce que je peux faire c'est me préparer du mieux possible. Je me dessine des cartes d'approche de façon à avoir toutes les infos sous les yeux.

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Quand je me sens prêt, je vais voir CC et je passe en revue les petits détails qui me préoccupent. Mes plus grosses craintes, personne ne peut me les enlever. J'étudie le manuel du GPS et me renseigne sur tout ce qui peut perturber le déroulement de cette aventure. Je fais bonne figure mais je n'en mène pas large. Dans l'après-midi, je récupère tout le monde, nous faisons quelques courses à Barberton puis nous allons voir Arine et Pete chez eux pour partager un verre et se dire au revoir. Le soir, dîner chez CC en famille et ultime séance de tirage de cartes pour lui. C'est plutôt moi qui en aurai besoin! La nuit sera courte...

Quelques photos de la ferme à crocodiles:

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Ah les vacances à la plage!

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