dimanche 4 mai 2008

JOUR 5

Le grand départ. Ma nuit a été agitée évidemment et comme fait exprès le ciel est couvert. Heureusement ça ne sera que de la condensation matinale vite dissipée. Au moment de charger les bagages un doute me saisit quant à la place disponible. Trois bagages l'un sur l'autre, le 4e verticalement plus les sac à dos de chacun, les réserves d'eau et le kit d'outils et de survie. C'est complet, n'en mettez plus!

Poignée de mains à CC, photo de départ, on s'installe et décollage. Je reste bien en effet de sol, le signal audio de décrochage râle un peu mais c'est normal. La vitesse augmente et c'est parti. Je suis tenté de faire un passage bas pour saluer CC mais j'appréhende la réaction des enfants. Le vol est long, autant commencer par les ménager. Je lui dit au revoir à la radio et virage à gauche pour faire coucou au-dessus de la maison d'Arine et Pete. Je ne vois personne et un SMS m'apprendra que nous avons sorti Arine de la douche en catastrophe. Au moins elle nous a entendus. Je prends mon cap et en avant pour 1h10 de vol. Nous passons à côté de la Blyde River Canyon, 3e canyon du monde mais comme il se trouve dans la TMA (région de contrôle aérienne) de Hoedspruit, je préfère éviter. Néanmoins belle région montagneuse et paysages grandioses.

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A 50 miles nautiques de la TMA de Polokwane, bien que volant au-dessous de la zone de contrôle, je lance un appel radio en donnant ma position tout en redoutant les instructions qui surviendront. Elles seront partout les mêmes : "Say again call sign (immatriculation) number on board (nombre à bord) fuel endurance (autonomie en carburant) and ETA (heure prévue d'arrivée). Comme ma vitesse sol est d'environ 120 noeuds, je fais 2 nautiques à la minutes donc 50:2= 25 minutes. "Roger, report field in sight" (compris, rappeler terrain en vue). A environ 10 nautiques je vois la piste et la tour de contrôle me répond "runway 05, QNH 1026, wind variable 6 knots, report final" (piste 05, pression 1026, vent variable 6 noeuds, rappeler en finale). J'en profite pour repérer un peu la disposition des taxiways, la situation sur le tarmac et l'emplacement du "terminal". "Turning final, clear to land" et je me pose comme une fleur. Je prends le premier taxiway à droite et comme j'aperçois la station service pour avions à pistons, je m'y parque et coupe le moteur. Il semble que nous soyons les seuls sur cet aéroport grand comme Genève. Polokwane étant notre dernier terrain avant d'entrer au Botswana, nous passons la douane, contrôle des passeports, je dépose mon plan de vol puis paye les taxes d'atterrissage et de prise en charge. Comme nous sommes seuls cela va assez vite mais il nous faut quand même 1 heure. Nous retournons à l'avion, je paye le carburant et départ. Destination Francistown au Botswana dans 1h35.

A l'arrivée même topo qu'auparavant, refuel, douane, passeports, plan de vol et taxes. Décollage, et direction Nata que nous rejoindrons 45 minutes plus tard, petit terrain de 1100m en herbe et graviers. Il se situe au nord-est des Makgadikgadi pans, immense région de marais salants. Se sont de grandes cuvettes d'eaux peu profondes dont une grande partie s'assèche totalement pendant l'hiver austral. C'est un paysage magnifique vu d'en haut avec des nuances de tons et de formes extrêmement variées.

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Je suis presque à la verticale du terrain quand je l'aperçois. Aux alentours juste une route qui passe à proximité et je n'ai pas le temps d'apercevoir la moindre agglomération. Je vérifie mon GPS qui se borne à me signaler que nous sommes à l'endroit correspondant aux coordonnées géographiques que J'AI insérées. Pourvu qu'elles soient correctes. Je me pose, parque l'appareil à l'endroit qui me semble approprié et nous sortons.

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Je ne sais pas si nous sommes au bon endroit mais ça y ressemble. Un terrain isolé, pas âme qui vive et la brousse alentour. Je demande à tout le monde de rester près de l'avion et j'allume mon portable. Selon ma feuille de route je dois contacter le lodge pour que quelqu'un vienne nous chercher. Problème, pas de réseau. Je me déplace alentour, en scrutant avec une légère anxiété les hautes herbes et broussailles environnantes, mais rien n'y fait, "no network". Là on est pas bien... Je peux toujours redécoller mais pour aller où? En fait il y a bien du réseau mais sur les conseils de Markus j'avais acheté une carte Vodacom en Afrique de Sud, le Botswana utilise Orange et ma carte était donc non reconnue. Pendant que mon cerveau commence à bouillonner en réfléchissant aux options possibles, je vois un homme qui se dirige vers nous en courant, transpirant autant à l'extérieur de lui-même que moi à l'intérieur. Il s'agit de l'employé de "l'aéroport" qui me confirme la justesse de mon GPS et me demande de signer le registre. Je constate que nous sommes le 3e avion depuis le début de l'année (et même pas de médaille de bronze). Quand je lui explique que nous n'avons pas de réseau il me dit de rejoindre la route et d'essayer plus loin, le lodge étant à 14 kms. Comme Nath et les enfants ne veulent pas rester seuls dans ce charmant endroit (y'a pas de piscine) nous voilà 4 touristes blancs à marcher le long d'une route déserte avec nos bagages restés dans l'avion. J'aperçois au loin une antenne GSM, ça motive les troupes mais mon portable reste muet. De plus, curieusement il y a quelques vautours qui tournent au dessus de nos têtes. Sympathique ambiance. Après un petit kilomètre nous apercevons quelques cases sur les côtés. Elles ne semblent pas alimentées électriquement alors le téléphone... Tout en continuant notre marche forcée une voiture nous dépasse, dépose une dame et s'en va avant que j'ai le temps de réagir. Je m'approche de cette dame et lui explique notre situation. Très gentiment elle nous prête son portable, j'appelle le lodge, puis elle nous propose de venir chez elle en attendant. Il y a une jolie petite maison en dur au milieu des cases en boue séchée et c'est là que nous nous dirigeons. Trois chaises en plastique sont installées sous le seul arbre du jardin pendant que la dame appelle son mari. Le voici qui arrive 10 min après pour nous proposer de nous ramener à l'avion. Après avoir remercié chaleureusement et monétairement nos sauveurs nous voilà de nouveau à l'avion. Notre "taxi" arrive peu après, et 20 minutes plus tard nous voilà à Nata Lodge. Il est 16 heures et devons repartir demain matin. Nous prenons possession de notre joli chalet africain et nous jetons dans la piscine. L'eau est trouble avec des algues contre les parois mais qu'importe. Nous prendrons un médiocre diner plus tard à l'extérieur, malgré tout dans un endroit plaisant et une bonne ambiance locale. Mission accomplie.

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2 commentaires:

Anonyme a dit…

Le bain du soir dans la piscine (en tout cas quand elle existait !)était donc salvateur pour noyer le stress inhérent à cette aventure, et recharger les batteries pour le lendemain... Regardiez-vous "Daktari" dans les 70s ? Evidemment le vet lui ne se déplaçait pas en avion...

thunderbird a dit…

Tu ne crois pas si bien dire, j'étais fan absolu de Daktari. D'ailleurs pendant des années j'ai voulu faire véto pour suivre le même chemin. J'ai dû me tromper en cours de route!
Sans regrets mais...